Comment la salle de sport a cessé d’être ringarde

Les heures passées à soulever des haltères ou à faire des abdominaux font-elles de vous un has been ou un homme dans l’air du temps?

Le temps où les salles de sport étaient peuplées uniquement d’une faune de poids lourds épilés est bel et bien révolu. En l’espace de vingt ans, le regard que la société porte sur le corps de l’homme a radicalement changé.

Au début des années 90, le fait pour un homme d’être soucieux de son apparence et d’entretenir sa condition physique était la plupart du temps associé à la communauté homosexuelle. Pourtant, dès 1994, Mark Simpson, un journaliste britannique, constate l’émergence d’un nouveau genre: le «métrosexuel». Celui-ci s’affranchit des stéréotypes liés à l’orientation sexuelle et participe peu à peu de la redéfinition de l’identité masculine en affichant sans tabou un désir de séduire par son physique, son goût, ses activités. D’abord moqué et caricaturé, le produit marketing s’est rapidement et massivement vulgarisé. Si bien qu’en 2014, l’inventeur du terme a déclaré que la minorité dont il faisait le portrait s’est normalisée. «On assiste à une multiplication des normes, il n’y a plus une unique incarnation de la virilité», développe David Le Breton, sociologue et auteur de L’Adieu au corps (Ed. Métailié).

Tendance du corps parfait

«Prendre soin de son corps est, depuis quinze ans, une tendance de fond, au centre de la vie des citadins. À partir de l’an 2000, on a assisté à une modification en profondeur de la société», affirme Frank Elie-Benzaquen, co-fondateur du Klay, club de sport haut de gamme situé dans le 2e arrondissement de Paris. «S’entretenir était très présent dans les pays anglo-saxons et les pays nordiques. En France, on était plus épicurien. Puis, une prise de conscience générale a fait réaliser à la population la nécessité du bien-être». Franck Hédin, PDG de CMG Sports l’explique notamment par «l’implication croissante du gouvernement notamment avec la campagne «Manger, Bouger» ou encore le récent amendement sur le sport sur ordonnance. En 2015, la première résolution sur Google était ‘’faire du sport »».

Le rapport au corps de l’homme a également été influencé par la publicité dont les égéries masculines dévoilent très souvent un physique athlétique. En relais d’opinion, des sportifs commeDavid Beckham ou Rafael Nadal posent pour des campagnes de sous-vêtements et affichent des abdominaux saillants. La presse masculine s’est enrichie de titres qui glorifient un corps musclé et distillent, à chaque numéro, des conseils pour l’obtenir. C’est notamment le cas du mensuel américain Men’s Health, débarqué en France en 2008, et dont l’audience hexagonale s’élève, selon une étude Consojunior, à 300.000 lecteurs par mois. «En couverture, on voit des hommes au corps et au visage crispés, qui défendent une nouvelle masculinité pas toujours détendue», commente l’auteur.

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ldp 8 juin 2015



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